La faim demeure un défi mondial majeur : en 2023, environ 733 millions de personnes ont souffert de la faim dans le monde (1 personne sur 11). Pour tenir l’Objectif 2 des Nations unies (Faim zéro), il faut réinventer nos systèmes alimentaires. La FAO rappelle que 80 % de la nourriture mondiale est produite par des petits agriculteurs familiaux, et souligne que le climat impose un virage vers des pratiques durables. Les experts du climat (GIEC) recommandent ainsi un retour à « une agriculture diversifiée, territoriale et à taille humaine », c’est-à-dire un modèle paysan local respectueux de l’environnement. L’ODD 2 appelle explicitement à promouvoir des systèmes agricoles durables et résilients. Dans ce contexte, de plus en plus de champions voient dans l’agriculture une voie prometteuse. Après avoir brillé sur les stades, ils peuvent semer un nouvel espoir sur nos terres, contribuant à la sécurité alimentaire tout en donnant un sens concret à leur reconversion.
L’agriculture, un nouveau terrain de jeu pour les champions
Plusieurs facteurs expliquent cet attrait pour la terre. D’une part, le passage à la retraite sportive peut être difficile à vivre sans projet fort. L’agriculture offre un nouveau défi physique, intellectuel et entrepreneurial. Samuel Eto’o, président de la fédération camerounaise de football, insiste sur cette opportunité : « C’est une opportunité que nous offrons à ceux qui sortent des terrains et qui veulent continuer à briller, peut-être pas dans le football… mais dans une autre activité ». Au Cameroun, une convention a été signée en 2023 pour former les anciens footballeurs à devenir entrepreneurs agricoles (via formation et microcrédits). Des champions comme Lucien Mettomo témoignent que cette « aventure autrement » leur ouvre de nouvelles perspectives : « C’est pour moi une aventure que je vais découvrir autrement… une opportunité professionnelle qui va s’ouvrir ».
D’autres pays suivent le mouvement. Aux États-Unis, la presse note que « de nombreux sportifs, actuels ou retraités, se tournent vers l’agriculture ». Par exemple, Trent Brown (NFL) élève du bétail, les jumeaux Mike et Maurkice Pouncey (NFL) ont créé un ranch équestre, et l’ancien joueur NBA Blake Griffin a cofondé un fonds de 5 millions de dollars pour acheter des terres agricoles dans l’Iowa. Ces sportifs voient dans l’agriculture une nouvelle mission : lieu de vie au grand air, business viable ou pont vers leurs racines familiales rurales. Le plus frappant est l’histoire de Jason Brown, ancien pilier offensif des Rams de St. Louis : il abandonne une carrière à plus de 20 M$ pour acheter 400 hectares en Caroline du Nord et fonder First Fruits Farm. Dédiée à nourrir les démunis, sa ferme a déjà récolté et fait don de plus de 700 tonnes de nourriture (bleuets, patates douces, etc.) à des banques alimentaires. Jason Brown confie même : « je travaille plus dur que jamais… mais ce que je fais en ce moment est la chose la plus gratifiante que j’ai jamais faite de ma vie ».
Exemples inspirants de sportifs-agripreneurs
Ces récits confirment que le lien sport-agriculture se tisse dans de nombreuses régions. On peut citer aussi des programmes officiels : en Afrique, l’initiative AGRI-SPORT portée par l’Union africaine encourage la reconversion des athlètes en agripreneurs. Des footballeurs retraités ghanéens ou sénégalais investissent dans des fermes familiales ou des projets agro-industriels pour créer des emplois locaux. En Europe, certains joueurs aménagent des terres de leur village natal ou financent des serres biologiques. Partout, on observe cette tendance : des légendes du sport deviennent des « champions » de l’agriculture durable.
Parmi eux, les témoignages sont formels. Comme le relève le Guardian, « beaucoup de joueurs NFL et WNBA voient l’agriculture comme une mission plus grande » que le sport. Ils utilisent leur notoriété et leur travail d’équipe du sport dans un objectif de long terme. Plus qu’un simple loisir de retraité, l’agriculture devient pour eux un projet de vie à valeur sociale.
Bénéfices personnels et collectifs
L’engagement dans l’agriculture présente des retombées positives tant pour les sportifs eux-mêmes que pour la société. Parmi les bénéfices personnels :
- Sens et épanouissement : la reconversion agricole redonne un but concret après la fin du sport de haut niveau. Jason Brown insiste sur la dimension morale de son choix : il s’estime désormais en « mission » pour nourrir les pauvres. Son expérience montre que cette activité apporte une profonde satisfaction personnelle. Travailler en plein air, dans un cadre naturel, aide aussi à réduire le stress et à maintenir la condition physique.
- Nouvelle carrière durable : l’agriculture peut offrir une source de revenus pérenne. Un ex-sportif connaît la discipline, la gestion de projets et la notoriété – des atouts précieux pour lancer une entreprise agroalimentaire (culture, élevage, transformation, distribution). De nombreux cadres sportifs ont déjà réalisé des business agricoles viables.
Les bénéfices collectifs sont tout aussi importants :
- Création d’emplois ruraux : investir dans la ferme locale relance l’activité économique des campagnes. L’agriculture est en effet le premier secteur employeur mondial, avec 1,3 milliard de personnes (39 % de la main-d’œuvre) travaillant dans les systèmes agroalimentaires, dont près de 65 % en Afrique. Chaque nouveau projet agricole génère des emplois (salariés agricoles, coopératives, transformation) et participe à lutter contre le chômage rural.
- Sécurité alimentaire renforcée : en augmentant la production locale, ces initiatives contribuent à nourrir la population. On estime que l’agriculture familiale fournit environ 80 % des denrées alimentaires mondiales. En soutenant ce modèle, les sportifs-investisseurs participent directement à la lutte contre la faim et à l’autonomie alimentaire des communautés.
- Développement rural et innovation : les champions investissent souvent dans des techniques modernes (irrigation éco-efficace, agriculture biologique, agroforesterie) et dans les jeunes agriculteurs. Ces investissements renforcent la résilience face au changement climatique tout en répondant aux standards de durabilité.
Conclusion – Appel à l’action
L’expérience montre que les sportifs ont tout à gagner à se tourner vers l’agriculture durable : ils trouvent une nouvelle victoire en semant l’espoir plutôt que le maïs, en cultivant la solidarité plutôt que le confort du foyer. Chaque champion peut devenir un ambassadeur de la #FaimZéro, en mettant au service de la terre l’énergie et la rigueur du sport. Aux athlètes de ce monde : osez changer de terrain, et continuez à « marquer des points » pour l’humanité ! Votre deuxième carrière peut être le terrain sur lequel vous récolterez le plus beau trophée : un avenir sans faim.
Sources : Statistiques et témoignages cités dans cet article proviennent notamment des rapports de la FAO, des objectifs de l’Agenda 2030, des publications d’ONG comme Action contre la Faim, ainsi que de reportages sur des programmes de reconversion (RFI/AllAfrica) et des exemples concrets de sportifs engagés.